Qu'est-ce que c'est ?
La rétine est vascularisée par un système artériel provenant de l’artère centrale de la rétine. L’occlusion de l’artère centrale de la rétine (OACR) ou d’une de ses branches (OBAR) correspond à une obstruction soudaine de la lumière d’un vaisseau artériel rétinien. Ce phénomène est l’équivalent oculaire d’un accident vasculaire cérébral ischémique ou encore d’un infarctus du myocarde. Les territoires vascularisés par l’artère occluse sont privés d’apport sanguin (oxygène et nutriments) et connaissent une mort cellulaire certaine au-delà de 90 minutes d’ischémie. Privée de capacités de régénération, la rétine s’atrophie irrémédiablement.
Quelle en est la cause ?
L’obstruction de la lumière artérielle peut être secondaire :
- A la migration d’un embole provenant de la circulation d’amont (cavités cardiaques, valves cardiaques, carotides…) ; embole de cholestérol, fibrino-plaquettaire ou calcique chez le sujet âgé polyvasculaire ; plus rarement embole tumoral, graisseux, infectieux… - A l’obstruction locale d’une artère rigidifiée chez le sujet âgé atteint d’artériosclérose, - A un trouble du rythme cardiaque, - A une chute importante de la tension artérielle, - A une anomalie de la coagulation, - A l’inflammation de la paroi de l’artère dans des maladies inflammatoires générales : maladie de Horton chez le sujet de plus de 50 ans ou maladie de Takayasu chez la femme jeune en cas d’OACR par exemple, - A l’inflammation de la paroi de l’artère dans des maladies infectieuse oculaires (toxoplasmose, herpes virus…) - A un traumatisme. Les occlusions artérielles rétiniennes (OAR) sont rares et surviennent au cours de la vie chez 1 personne sur 10000. Elles peuvent survenir à
tout âge mais sont l’apanage des sujets de plus de 60 ans. Elles touchent souvent les hommes porteurs de facteurs de risque cardio-vasculaires (HTA, tabac, diabète, surpoids, anomalie du bilan lipidique, antécédents familiaux vasculaires...).
Quels en sont les symptômes ?
Les OAR sont responsables d’une baisse de vision brutale et totale lorsqu’elles touchent la macula (OACR ou OBAR touchant la macula). Elles surviennent en règle le matin au réveil mais peuvent survenir à tout moment de la journée. Les OBAR n’affectant pas la macula peuvent passer inaperçues ou être responsables d’une anomalie du champ de vision. L’œil est blanc et indolore. Il arrive de des signes précurseurs précèdent l’occlusion complète du vaisseau : la vision peut diminuer de façon transitoire et répétée quelques jours avant l’occlusion complète : on parle alors d’amaurose transitoire, équivalent oculaire de l’accident ischémique transitoire (AIT) cérébral ou de la crise d’angine de poitrine qui précède l’infarctus du myocarde. Lorsqu’elle s’intègre dans la maladie de Horton, l’OAR peut être précédée d’une grande fatigue, de perte de poids, de maux de tête, de douleurs de la mâchoire ou du cuir chevelu plusieurs semaines voire mois avant l’accident.
Comment en fait on le diagnostic ?
L’examen du segment antérieur de l’œil est sans particularité en dehors d’une dilatation anormale de la pupille. Au fond d’œil, les artères sont rétrécies et la rétine privée de sang apparaît blanchâtre et œdémateuse. Un embole peut parfois être directement visualisé. Le diagnostic de l’OAR repose donc sur la réalisation du fond d’œil à la recherche des éléments suscités. Ce dernier sera complété par des photographies du fond d’œil qui permettront de suivre l’évolution de la maladie. L’angiographie à la fluorescéine permet de confirmer le diagnostic en objectivant un retard de remplissage des vaisseaux artériels
rétiniens. L’angiographie au vert d’indocyanine recherche des arguments en faveur d’une maladie de Horton. La Tomographie par Cohérence Optique (OCT) rétinienne permet de dater l’ancienneté de la maladie ou de confirmer des cas incertains. Elle met en évidence un œdème rétinien nécrotique qui s’atténue en une semaine pour laisser place à une atrophie rétinienne et du nerf optique.
Quel en est le traitement ?
Il n’existe pas à ce jour de traitement capable de régénérer la rétine nécrosée. En revanche, il est indispensable de traiter la cause de l’accident afin de prévenir la bilatéralisation de la maladie qui conduirait à une cécité totale. Un bilan de santé est donc prescrit en urgence afin de rechercher activement la cause de l’OAR et de corriger au plus tôt cette dernière. La correction des facteurs de risque cardio-vasculaires est systématique. En cas de maladie de Horton, une corticothérapie doit être initiée en urgence afin de prévenir la récidive controlatérale. Un traitement antiagrégant plaquettaire peut être administré de façon préventive par analogie avec la prise en charge de l’infarctus du myocarde ou de l’AVC.
Quelles sont les questions fréquentes ?
- Ne peut-on pas améliorer ma vue avec des lunettes ? La baisse de vision est liée à une maladie rétinienne (transformation de l’information lumineuse en influx nerveux pour le cerveau) et non pas à un problème de puissance réfractive de l’œil. Modifier votre lunette, si celle-ci était bien adaptée avant l’accident, ne permettra pas d’améliorer votre vue. On pourrait comparer cela à changer l’objectif d’un appareil photographique dont la pellicule est endommagée : cela n’améliorera pas la qualité de la photographie. Peut-on faire des injections pour améliorer ma vue ? Les injections intra-oculaires d’agents anti-angiogéniques ou de corticoïdes sont réservées au traitement des occlusions veineuses rétiniennes, de la rétinopathie diabétique ou de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Ils ne peuvent
améliorer la qualité de vision en cas d’OAR. - Puis-je encore conduire ? Selon l’arrêté du 31 aout 2011, la conduite automobile à titre privé est autorisée seulement si l’acuité visuelle corrigée des deux yeux est au moins égale à 5/10. Si la vision d’un des deux yeux est de moins de 1/10, l’acuité de l’autre œil doit être supérieure à 5/10. La conduite automobile n’est pas autorisée dans les 6 mois qui suivent la perte brutale de vision d’un des deux yeux. Des critères de champ visuel, de vision nocturne et de sensibilité à l’éblouissement sont également requis, mais habituellement non affectés après une OAR. En espérant vous avoir permis de mieux comprendre les causes et les conséquences de cette affection, nous sommes à votre disposition pour toute information complémentaire. Auteur : Dr Dinu STANESCU SEGALL Dernière mise à jour : 01 février 2024